Si le chandelier a tendance à disparaître, avoir recours à une seule bougie n'est pas nécessairement le moyen le plus efficace pour essayer de faire la lumière... C'est pourtant ce qui nous arrive. Depuis plusieurs mois, nous sommes noyés par un torrent d'informations que charrie la crise financière et il faut bien le dire, on se sent totalement impuissant. Dans cet article, le lien avec la vie associative ne se découvrira qu'à la fin de sa lecture. Sans doute dans l'espoir secret que vous le lisiez tous jusqu'à son terme... Trop, c'est trop. La France est en faillite, pour la sauver, il faut encore et toujours faire des économies. Le discours est bien rôdé et les chiffres nous aident à comprendre ce que notre manque d'intelligence masquerait volontiers. On comprend bien que cela se joue sur des centaines de milliards d'euros. Ce que l'on comprend moins bien, c'est que la dette publique de la France était en 2003 de 1 000 milliards d'euros et que ce n'était pas un drame. Qui, en 2003, connaissait l'existence des agences de notation ? Aujourd'hui, il semble que la dette soit de 1700 milliards d'euros. Rapporté aux 65 millions de français, cela représente 26 000 euros par tête de pipe. C'est pas si tant, comme dirait mon fils... Est-il raisonnable de contraindre tout un pays à la diète forcée pour une dette de 26 000 euros par habitant ? On a bien compris que des spéculateurs ont intérêt à ce que le remboursement de la dette nous coûte le plus cher possible pour que cela leur rapporte davantage. Mais on a aussi compris que c'est le moment tant attendu par de nombreux revanchards, pour abattre définitivement les services publics et livrer le pays tout entier à la loi d'une jungle beaucoup plus dangereuse que celle qui abrite de vrais crocodiles. Pour mieux le comprendre, il faut faire un petit retour en arrière... Un peu d'histoire... En 1995, fraîchement élu, Chirac disait : "la priorité, c'est la réduction des déficits. Il faut arriver à l'équilibre dans 2 ans". Résultat, de 1995 à 1997 la dette publique est passée de 55,5% à 59,5% du PIB. En 2005, Thierry Breton, ministre des finances sous Raffarin, prenait l'engagement de réduire la dette pour amener le budget à l'équilibre en 5 ans. Résultat, entre 2002 et 2007, la dette publique de la France s'est envolée pour passer de 912 milliards à 1211 milliards. Notre dernier président qui n'est responsable de rien, disait lui, en 2007 : "L'objectif, c'est de ramener la dette au-dessous de 60% du PIB en 5 ans. Ce qui fera de la France, le pays le plus vertueux de la zone euros." On connait la suite. Depuis 2007, la dette a augmenté de 500 milliards d'euros. Pourquoi la dette augmente ? Oui, pourquoi ? Car enfin, il y a bien une raison. Ne pas oublier que chaque discours vertueux sur la limitation de la dette s'accompagnait d'un véritable coup de rabot sur la protection sociale, les services publiques, etc ainsi que d'une longue série de privatisations afin de "renflouer" les caisses de l'Etat. Or, la dette augmente toujours... Est-ce un mystère ? Non. La dette augmente parce que les impôts et autres prélèvements baissent pour une certaine catégorie de citoyens et un très grand nombre d'entreprises. Le nombre de niches fiscales est passé d'environ 418 en 2003, à 468 en 2010. La mission de la commission des finances chiffre elle à 509 le nombre réel de niches fiscales en France. Cela représente un manque à gagner pour l'État de 80 à 100 milliards d'euros par exercice. Plus grave encore, comme l'a établi un précédent rapport du Conseil des prélèvements obligatoires, les grands groupes industriels sont les grands gagnants de ce système. Leur taux réel d'imposition n'est pas de 33 % mais de 13 %, ce qui place la France au même niveau que l'Irlande qui a adopté une fiscalité très favorable pour attirer les grands groupes internationaux. Un chiffre rarement mentionné par le Medef... En revanche, les petites entreprises, peu familières du dédale fiscal français, sont imposées en moyenne à hauteur de 30 %. Et les associations dans tout ça ? La semaine dernière, le député Carrez a souhaité faire passer un amendement sur les dons reçus par les associations assimilant ces derniers à une niche fiscale. Face à la mobilisation immédiate et efficace de tous les acteurs clés du secteur associatif(1), le gouvernement a assuré qu'il s'opposerait à l'amendement déposé en catimini dans la nuit du 9 au 10 novembre par Gilles Carrez, rapporteur de la commission des finances à l'Assemblée nationale et un groupe de députés de droite et de gauche. Dont acte. Mais, les associations doivent s'interroger sur ce que signifie la déduction fiscale sur un don : - Cette déduction fiscale est injuste, car elle ne bénéficie qu'à ceux qui payent des impôts, or toutes les enquêtes prouvent que ce sont les plus démunis qui donnent le plus. C'est inacceptable. - Accepter le don défiscalisé, c'est cautionner la privatisation rampante de toute la société, c'est accepter que l'Etat se désengage, c'est de ce fait revenir au 19ème siècle qui voyait les dames patronesses s'occuper des œuvres sociales, avant la loi de 1901 et celle de 1905 sur la séparation de l'église et de l'Etat. J'en veux pour preuve le document publié par la congrégation pour le clergé en décembre 2007 qui recommande de réintroduire les dames patronesses, affirmant que "celles-ci peuvent être une source de maternité spirituelle". - Accepter le don défiscalisé, c'est ne pas vouloir comprendre que cela participe d'une idéologie précise qui se moque comme d'une guigne de la pauvreté et de la misère, tout simplement parce qu'elle en est largement responsable. Comment accepter que l'Etat baisse les subventions d'un côté tout en acceptant de perdre des rentrées fiscales de l'autre ? Tous les chiffres prouvent que la défiscalisation coûte aussi cher à l'Etat que ce que lui coûtaient les subventions. Alors, oui nous pensons, même si nous sommes à contre courant, que les associations doivent s'interroger sur ce qui se cache derrière un don défiscalisé. Les associations, elles en ont les moyens, doivent obliger l'Etat à revenir à son rôle premier qui a toujours été, depuis la loi de 1901, d'aider les associations à gérer des situations de crise que lui, Etat, n'a pas les moyens de guérir aussi vite. Sans cela, nous marcherons tous sur la tête... En savoir plus (1) Selon nos informations, ce ne sont pas les acteurs clés du secteur associatif qui ont fait reculer le gouvernement, mais les banques ! En effet, celles-ci sont montées au créneau pour défendre la défiscalisation des dons qui rapporte visiblement beaucoup d'argent à ces dernières...
Voici le tag Internet à sélectionner, à copier et à coller sans transformation dans la page du site où vous allez utiliser cet article. D'avance merci.
Il y a quelqu'un pour rallumer la lumière ? Si le chandelier a tendance à disparaître, avoir recours à une seule bougie n'est pas nécessairement le moyen le plus efficace pour essayer de faire la lumière... C'est pourtant ce qui nous arrive. Depuis plusieurs ... <a href="https://www.loi1901.com/intranet/a_news/index_news.php?Id=1764" target="_blank">Lire la suite sur Loi1901.com</a>
Tout savoir pour bien utiliser le référé-liberté
16-12-2025
Le référé-liberté est une procédure rapide qui permet de demander au juge des référés de prendre en urgence des mesures pour préserver l'exercice d'une liberté fondamentale en cas
Fonds social européen (FSE+) : cet inconnu
Le Fonds social européen (FSE+) contribue à la mise en oeuvre du paquet européen des droits sociaux pour financer des actions dans les domaines de l'emploi, de l'éducation, du
Panorama associatif numéro 151 : décembre 2025
Le Panorama associatif de Loi1901 a pour objectif de vous détailler plusieurs mesures qui ne peuvent pas faire l'objet d'un article complet, à l'unité, car trop courtes. Au
Panorama associatif numéro 150 : début décembre 2025
09-12-2025
Il faut supprimer le contrat d'engagement républicain de toute urgence
La loi du 24 août 2021 oblige les associations à souscrire un contrat d'engagement républicain dès lors qu'elles souhaitent obtenir un agrément, une subvention, etc. Ainsi, une
Intérêt général: une nouvelle variante dans les activités à caractère social
Une association reconnue d'intérêt général est, en droit fiscal français, un organisme qui peut émettre des reçus fiscaux au bénéfice de ses donateurs dans le respect des critères
Faillite personnelle du dirigeant d'une association ou d'une entreprise : du nouveau
02-12-2025
La faillite personnelle est une sanction judiciaire très sévère infligée aux dirigeants d'associations ou d'entreprises ayant commis des fautes dans la gestion de leur structure.
Report de l'entretien préalable pour notifier une sanction
Un employeur peut-il reporter un entretien préalable lorsqu'un salarié est empêché pour des raisons médicales, et que ce report décale le point de départ du délai d'un mois pour
Panorama associatif numéro 149 : début décembre 2025
L'épreuve de la cessation de paiements
25-11-2025
Juridiquement, la cessation de paiement définit une situation où une association en difficulté se trouve dans l'impossibilité de faire face au passif exigible avec son actif
Les associations restent le dernier repère de confiance des Français
Alors que la défiance s'insinue à tous les étages d'une société française plus que jamais fracturée, le Baromètre 2025 de la confiance "Viavoice" pour Don en Confiance montre que
Pourquoi tant d'associations se compliquent la vie faute d'accompagnement adapté ?
Les dirigeants d'une association ont fréquemment besoin de connaître la planification, la gestion, le financement, l'organisation et d'acquérir un savoir-faire et des compétences
Vous avez aimé les JO 2024 ? Vous allez adorer 1984 version Macron
L'été 2024 fut celui des jeux olympiques et paralympiques dans notre pays. Un événement qui a permis le déploiement d'un dispositif de sécurité hors norme caractérisé notamment
Solidarité internationale : les associations cherchent un second souffle
Les associations et organismes de solidarité internationale sont en première ligne face à la série d'événements qui bouleverse, à l'échelle mondiale, les positions et les logiques
Etre éligible au régime du mécénat : nouvelles jurisprudences
18-11-2025
Pour être éligible au mécénat, une association doit posséder un objet social particulier. Il doit être soit philanthropique, ou éducatif, ou scientifique, ou social, ou
Deux guides pratiques pour les structures de l'ESS en difficultés financières
11-11-2025
Pour les associations comme pour les autres structures de l'ESS, les difficultés de trésorerie constituent souvent le premier signal d'alerte. La situation désastreuse actuelle
102 associations saisissent le HCVA pour atteintes aux libertés associatives
04-11-2025
102 associations de 47 départements ont décidé de saisir le Haut Conseil à la Vie Associative pour atteintes délibérées aux libertés associatives. Trop, c'est trop. Après
Chronique d'une mort annoncée : les associations de solidarité
28-10-2025
Le principe des vases communicants s'applique lorsque que 2 récipients, contenant un liquide et reliés par un tuyau, équilibrent à la même hauteur le liquide dans chacun d'eux.
Quand l'espace civique se réduit comme peau de chagrin
21-10-2025
L'espace civique est le creuset le plus précieux des sociétés démocratiques. L'ONU le définit comme "l'environnement qui permet à la société civile de jouer un rôle dans la vie
Le piratage culinaire ou l'épluche patates connecté : est-ce bien raisonnable ?
14-10-2025
Ce qui est bien avec nos concitoyens, c'est qu'il y a toujours matière à sourire. Même si parfois, ce sourire bienveillant se transforme en rire jaune. Vous souvenez-vous du
L'Apec se penche sur l'emploi des cadres dans l'ESS
L'Apec vient de publier l'édition 2025 de son Observatoire. Une étude complète sur le marché de l'emploi des cadres dans l'économie sociale et solidaire (ESS). En 3 volets, le
Accueils de loisirs pour enfants : état des lieux
Près de neuf enfants sur dix, qui ont entre 3 et 10 ans, fréquentent de façon régulière l'accueil périscolaire (le matin et/ou le midi et/ou le soir). Ils sont quatre sur dix à se
Plan Comptable Général 2025 : la réforme qui concerne les OSBL
Les organismes sans but lucratif (OSBL) vont devoir ingérer une réforme comptable majeure avec l'entrée en vigueur des nouveaux règlements de l'Autorité des Normes Comptables
Santé financière des associations : la grande glissade
Les associations employeuses, majoritaires parmi les répondantes, sont particulièrement touchées. Elles sont 54% à déplorer des problèmes de trésorerie ponctuels ou récurrents,
Anatomie d'un tournant autoritaire
Nous l'avons longuement décrit dans nos colonnes. Depuis 2019, l'Etat a pris un tournant autoritaire (euphémisme). De la répression effective des Gilets Jaunes (2.500 blessés dont
Quand l'ESS veut enfin devenir adulte
Depuis 2014, date de la promulgation de la loi ESS, l'économie sociale et solidaire a marqué son territoire par quelques avancées ponctuelles, mais sans véritable impulsion
Baromètre DJEPVA : une jeunesse engagée est une jeunesse heureuse
Le baromètre annuel sur la jeunesse est réalisé chaque année par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CRÉDOC) sous la publication de la
Le forum mondial de l'ESS à Bordeaux du 29 au 31 octobre 2025
Créé en 2013, Le GSEF (Global Forum for Social and Solidarity Economy) est une vaste organisation internationale de gouvernements locaux et de multiples réseaux de la société
Cour des comptes : le déficit de visibilité et de notoriété de l'ESS
L'économie sociale et solidaire (ESS) désigne un mode d'entreprendre qui concilie activité économique et utilité sociale, solidarité et coopération, démocratie et primauté de
Interroger le pilotage par l'État de la politique de la lutte contre la pauvreté
Selon un récent rapport de la Cour des Comptes, en 2023, le taux de pauvreté s'établissait, en France, à 15,4 %, en dessous de la moyenne de l'Union Européenne à 16,2 %, mais sans