Luc Ferry est un philosophe. Il est même à la philosophie ce que l'aspartame est au sucre : un édulcorant. Il ne pense pas le monde, il le réfléchit comme un miroir. Ancien ministre de l'éducation nationale, il avait souhaité, en 2003, expliquer aux enseignants les raisons des réformes qu'il conduisait. Il fit donc éditer un livre : "Lettre ouverte à ceux qui aiment l'école" qui fut envoyé aux enseignants de toute la France pour expliquer sa politique. Ceux-ci, visiblement émus du geste, utilisèrent l'ouvrage pour dresser des barrages aux portes de plusieurs académies pendant le mois de grève que le ministre avait provoqué par manque d'empathie pour le corps enseignant. Professeur à l'université Paris-Diderot, il n'aurait assuré aucun enseignement pendant quatorze ans (selon Le Canard enchaîné) tout en touchant son salaire de 4500 euros mensuels. Bref, comme on le voit, l'homme a de la ressource. Aujourd'hui, il est à la retraite mais pas au repos. L'homme "chronique" comme on dit dans les milieux branchés. Du Figaro à différentes radios et télévisions, le penseur délivre la bonne parole. Certes, parole légèrement orientée par les élites qu'il fréquente au Club du Siècle (1), mais parole tout de même. Loi Travail : un peuple moins courageux que ses politiques ! (2) Dans cette chronique du Figaro du 16 mars dernier, le philosophe enfile les perles ultralibérales comme une bigote égrène son chapelet. Et on a droit aux immortelles : - "c'est en mettant de la flexibilité dans le marché du travail que l'on parvient à éradiquer le fléau du chômage", - "l'actuel projet de loi sur le travail va globalement dans le bon sens, est malgré tout rejeté par sept Français sur dix, comme ,en d'autres temps, l'utile réforme du CPE proposée par Villepin", - "Manifestations pour le chômage, donc, et non pas contre !". Le reste de cette prose étant réservé aux abonnés du Figaro, vous comprendrez ami lecteur que nous en restions là. C'est bien connu, le peuple est peureux. Il a même peur de son ombre le bougre. Il a surtout peur de perdre son boulot ou de finir précaire, ce qui n'arrivera jamais à Luc Ferry, lointain cousin d'un Jules qui démocratisait le savoir avec les "Hussards noirs de la République". Temps bien plus heureux où le peuple devait travailler 70h par semaine, 6 jours sur 7, sans repos ni assurance sociale, et avec qui le patronat des 200 familles jouait au yoyo. Un temps bénit des dieux pour une classe dirigeante de droit divin qui ne voulait rien lâcher et qui enverra le bon peuple transit de peur mourir dans les tranchées de 14-18, histoire de lui apprendre à se révolter. En 1936, après la victoire du Front Populaire et des premiers "congés payés", le patronat de l'époque prévoyait "le début d'une catastrophe économique sans précédent en France", "les congés payés feront plus de dégâts à l'industrie et à l'artisanat que les destructions de la grande guerre", "dans 3 ans la France sera ruinée". Trois ans après, la France capitulait sous la botte Allemande et la trahison d'une grande partie de l'élite qui préférait Hitler plutôt que Blum. La Révolution Nationale de Pétain supprima rapidement les acquis du Front Populaire et le peuple, toujours la peur au ventre, retourna à la précarité comme on retrouve une vieille amie... La fin de la seconde guerre mondiale apporta dans ses bagages le "Programme du Conseil National de la Résistance" qui ne tenait que sur deux pages qui allaient bouleverser l'histoire de la France et de son peuple : "sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des féodalités économiques, droit à la culture pour tous, presse écrite délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales agricoles, etc." Il aura fallu attendre les années 80 pour que les élites, qui s'étaient entre temps mondialisées, tiennent enfin leur revanche et commencent à envisager sereinement le détricotage idéologique du CNR par une dérégulation économique qui a transformé les peuples en concurrents dans un "moins disant" économique. Et la "philo-bonheur" pouvait enfin s'imposer à tous avec sa rhétorique de pacotille et son bling-bling de façade sous l'Auguste diktat du désormais célèbre : "Il n'y a pas d'autre alternative". Luc Ferry est un prophète de ce bonheur là avec son kit prêt-à-penser en bandoulière. Il trimbale avec lui tout un monde simplifié où chacun est à sa place et se doit d'y rester. Face à cette "philo-bonheur" se profile pourtant un monde où le tragique de l'Histoire signe son retour, où la science autorise tous les fantasmes et où le règne des intégrismes ne fait que commencer... Dans ce monde qu'il ne comprend pas, il ne reste effectivement à l'homme Ferry, qu'à cultiver son nombril en s'imaginant lointain disciple de Socrate, Lucrèce, Sénèque ou encore Épicure. En un temps fort fort lointain, Confucius écrivait : "Lorsque l'on se cogne la tête contre un pot et que cela sonne creux, ça n'est pas forcément le pot qui est vide." En savoir plus (1) La fiche Wikipédia du Club du Siècle (2) Loi Travail : un peuple moins courageux que ses politiques - La chronique de Luc Ferry dans le Figaro
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Le peuple est moins courageux que ses dirigeants Luc Ferry est un philosophe. Il est même à la philosophie ce que l'aspartame est au sucre : un édulcorant. Il ne pense pas le monde, il le réfléchit comme un miroir. Ancien ministre de l'éducation nationale, il avait ... <a href="https://www.loi1901.com/intranet/a_news/index_news.php?Id=2366" target="_blank">Lire la suite sur Loi1901.com</a>
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