Albert Camus est l'auteur de "La Peste". Ce qui lui vaut d'être présenté, voire utilisé, par certains penseurs comme étant aujourd'hui l'homme de la situation. Ce roman publié en 1947 relate la dévastation de la ville d'Oran par la peste dans les années 40. De la prise de conscience de l'absurde, à la révolte en passant par la solidarité, cette oeuvre présente effectivement bien des analogies avec notre crise sanitaire. Mais lorsque l'humanité est touchée dans sa globalité, n'est-ce pas toujours le cas ? Dans la ville d'Oran envahie par la peste, l'homme n'est plus que souffrance. La peste est, pour Camus, la représentation de la barbarie, du nazisme, de l'occupation allemande. Et face à ces cadavres amoncelés, décomptés, brûlés ou jetés à la fosse commune, le docteur Rieux incarne à la fois la résistance face à la détresse et le témoignage de la solidarité collective. Cet homme se lève et dit non. De ce refus naîtra la résistance face à la peste brune du nazisme. Mais Rieux va plus loin en témoignant de la lutte terrible que l'homme mène contre la maladie. Dire pour comprendre, car pour Camus comme pour Rieux : "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde." Mais loin de ne donner que la posture du penseur à son docteur Rieux, Camus le pousse également au combat et à la victoire. En effet, face à cette peste inlassable et implacable, la guerre est rude et se doit d'être continuée dans une persévérance qui frise l'héroïsme pourtant refusé par Rieux. Pour lui, la révolte est nécessaire et la prise des armes indispensable : "Ne marche pas devant moi, je ne te suivrai peut-être pas. Ne marche pas derrière moi, je ne te guiderai peut-être pas. Marche à côté de moi et sois simplement mon ami." M. Laurent Bibard est professeur en management et titulaire de la chaire Edgar Morin de la complexité. Il a publié une tribune dans The Conversation intitulée : "Penser l'après : En quoi Camus est-il indispensable pour nous aider à sortir de la crise ?" (1) L'introduction de son article donne le ton : "commençons à penser la vie post-crise, à nous outiller pour interroger les causes et les effets de la pandémie, et préparons-nous à inventer, ensemble, le monde d'après." Après un passage un peu obscure sur les points communs entre le capitalisme, le marxisme et "avec les idéologies les plus extrêmes de notre temps", notre penseur fait intervenir Camus en détournant la pensée profonde de l'auteur de "L'homme révolté". M. Bibard nous invite à "Ne pas aggraver la crise : éviter tout esprit d'accusation". Et de justifier cette attente en présentant Camus comme un penseur qui n'accuse jamais personne. Et de citer un passage de La Peste dans lequel Rieux porte un regard étonné sur les habitants d'Oran : "Leur première réaction, par exemple, fut d'incriminer l'administration." Et notre penseur Bibard de poursuivre pour ceux qui n'auraient pas encore compris où il souhaitait emmener le lecteur : "Camus anticipe ce que nous avons vécu ou ce que nous sommes en train de vivre, qu'il est vital de ne pas intensifier. Ce qui est fondamental dans cette observation, est l'inconséquence en quoi consiste toute accusation lorsque l'on est au pied du mur, quand l'urgence est de répondre à la question de savoir comment l'on va sortir de la crise." Dans un sabir mi chrétien mi philosophique, M. Bibard utilise Camus pour nous faire comprendre que rechercher la responsabilité des gouvernants dans la crise sanitaire et bientôt économique qui nous affecte est une perte de temps : "Outre les urgences sanitaires en tant que telles, l'urgence est de cesser de regarder les poutres dans les yeux des voisins, et de redéfinir sans cesse ensemble le métier de vivre." Tout comme l'administration dans "La Peste" représente Pétain qui a totalement assumé la collaboration, comment ne pas juger nos responsables politiques qui ont été dans le déni systématique du manque de masques, tests, lits, respirateurs, etc. ? Enfin, présenter Camus comme un penseur de la sagesse est pour le moins un raccourci saisissant. Dans "l'Homme révolté", Camus écrit "La première et la seule évidence qui me soit donnée, à l'intérieur de l'expérience absurde, est la révolte." Fondamentalement pour Camus, la révolte, même individuelle ou individualisée, est la justification de l'appartenance à un collectif : "Je me révolte, donc nous sommes". Ce n'est pas bien, M. Laurent Bibard, de faire mentir les morts pour une injuste cause : dédouaner le pouvoir politique en place de toute responsabilité dans la situation traversée par le pays. En savoir plus (1) Penser l'après : En quoi Camus est-il indispensable pour nous aider à sortir de la crise ? La Peste de Camus - Librairie en ligne Mollat L'homme révolté de Camus - Librairie en ligne Mollat Un texte formidable de Patrick F. Cavenair : Albert Camus et le Covid-19 : nouvelles chroniques du Dr Rieux
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Quand Camus est utilisé pour penser le post-confinement Albert Camus est l'auteur de "La Peste". Ce qui lui vaut d'être présenté, voire utilisé, par certains penseurs comme étant aujourd'hui l'homme de la situation. Ce roman publié en 1947 relate la dévastation de la ville ... <a href="https://www.loi1901.com/intranet/a_news/index_news.php?Id=2581" target="_blank">Lire la suite sur Loi1901.com</a>
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