A un moment où l'éducation nationale voit des postes de professeurs supprimés, les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres remis en cause et les disparités scolaires de plus en plus criantes, il semble que le secteur privé de l'éducation se porte lui très bien. Pour preuve, la reconnaissance d'utilité publique (statut très envié et rare) dont vient de bénéficier la Fondation pour l'école qui ne précise pas dans sont intitulé qu'il s'agit bien sûr de l'école privée(1). En effet, la reconnaissance d'utilité publique a été obtenue par décret du ministre en date du 18 mars 2008. Par ce décret, l'État autorise la défiscalisation, à hauteur de 75 %, pour les assujettis à l'ISF des dons à cette fondation, jusqu'à un plafond de 50 000 euros par an. Cette défiscalisation au titre de l'ISF vient s'ajouter à la défiscalisation, à hauteur de 66 % pour les particuliers et 60 % pour les entreprises, accordée à tous les donateurs à un établissement bénéficiant de la même reconnaissance. Depuis cette déclaration, la Fondation pour l'école se définit elle-même comme l'outil le plus performant pour lever des fonds dans des conditions fiscalement avantageuses. Or cette déclaration d'utilité publique est critiquable à plus d'un titre. Tout d'abord, elle constitue un énième cadeau fiscal aux plus aisés et au moment où notre pays connaît un déficit abyssal et une dette galopante, de telles mesures de défiscalisation sont incompréhensibles. En outre, les buts de l'association sont clairs : - favoriser la création des écoles privées hors contrat, - soutenir l'éducation à domicile qui échappe à toute forme de contrôle. En reconnaissant d'utilité publique la fondation, l'État reconnaît et par la même soutient une fondation qui va à l'encontre des principes de l'école républicaine, laïque et gratuite. Dans une période où les moyens de l'école publique sont drastiquement restreints, réduisant de ce fait sa capacité à assurer à tous, sans distinction d'origines, un enseignement de qualité selon le principe de l'égalité des chances, il paraît extrêmement choquant de voir l'État financer de facto l'école privée hors contrat. C'est à terme, un véritable chèque éducation(2) qui risque d'être mis en place favorisant l'enseignement privé au mépris des exigences du code de l'éducation, comme ce fut le cas avec l'Institut du Bon-Pasteur, recommandé par la fondation, et pour lequel le recteur de l'académie de Bordeaux vient de considérer qu'il existe une carence d'enseignement des sciences de la vie et d'un enseignement de l'histoire vu au travers d'un prisme religieux, ne permettant pas de former l'esprit critique des élèves. L'Etat doit revenir sur la reconnaissance d'utilité publique de la Fondation pour l'école et mettre ainsi fin à cette curieuse anomalie... Réponse du ministère publiée au JO le 24/08/2010 (3) La Fondation pour l'École a pour objet de susciter un renouveau éducatif en France en concourant à la création d'établissements scolaires libres non lucratifs ne bénéficiant pas du soutien financier direct de l'État et respectant la charte de la fondation. Cette charte a été analysée par le ministre de l'éducation nationale, préalablement à son avis favorable à la reconnaissance d'utilité publique, comme propre à garantir le respect des articles D. 131-11 (qui renvoie à la définition du contenu des connaissances requis des enfants scolarisés, y compris dans les établissements d'enseignement privé hors contrat) et suivants du code de l'éducation, et à assurer le respect du droit de l'enfant à l'instruction tel que défini à l'article L. 131-1-1 du même code. Créé par des personnes privées, exerçant une activité d'intérêt général à but non lucratif, indépendant de ses fondateurs et de la puissance publique et accomplissant la mission qu'il s'assigne avec des fonds d'origine exclusivement privée, cet établissement - qui n'a, au demeurant, aucun caractère cultuel - réunit tous les critères exigés pour la reconnaissance d'utilité publique, qui a pu lui être accordée par le décret du 18 mars 2008, après avis favorable du Conseil d'État. Depuis lors, la fondation mène ses activités dans le respect de l'objectif qu'elle s'est assigné et conformément aux statuts qui la régissent. En effet, la fondation agit de façon transparente et respecte l'obligation de transmettre au ministre de l'intérieur son rapport annuel et ses documents comptables. De même remet-elle les comptes rendus des délibérations de son conseil d'administration, au sein duquel l'État est représenté par un commissaire du Gouvernement. En savoir plus (1) La reconnaissance d'utilité publique, abrégé par le sigle RUP, est une procédure de droit français par laquelle l'État reconnait qu'une association ou une fondation présente une utilité publique, ce qui lui permet de bénéficier d'avantages spécifiques (elle peut recevoir, outre des dons manuels, des donations et des legs), mais lui confère aussi une légitimité particulière. La procédure peut, selon les cas, prendre de quelques mois à quelques deux ans. Le dossier de demande doit faire ressortir les buts que poursuivent les fondateurs, l'originalité de la fondation, le caractère généreux et/ou d'intérêt général des objectifs, les moyens financiers à la disposition de l'institution sous forme d'une dotation initiale, les revenus dont elle disposera, etc. Le site du Ministère de l'Intérieur de l'Outre-mer et des Collectivités territoriales pour la RUP (2) Le chèque éducation : En 1992, la Suède décida d'améliorer la qualité de son système éducatif et de diversifier l'offre scolaire, elle instaura un chèque éducation. Les établissements scolaires indépendants sont rémunérés par les municipalités à parité avec les établissements publics. Ils doivent respecter les mêmes objectifs généraux et le même cadre juridique que l'enseignement public, mais peuvent présenter des profils divers, qu'ils soient culturels, ethniques, pédagogiques ou religieux. (3) Question posée à M. le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales par M. Jean Michel (député PS - Puy-de-Dôme). www.fondationpourlecole.org
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Etrange reconnaissance d'utilité publique de la Fondation pour l'école (privée) A un moment où l'éducation nationale voit des postes de professeurs supprimés, les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres remis en cause et les disparités scolaires de plus en plus criantes, il semble que le ... <a href="https://www.loi1901.com/intranet/a_news/index_news.php?Id=1535" target="_blank">Lire la suite sur Loi1901.com</a>
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