16-03-2020  ESS LIBRE

L'armée est appelée en renfort pour faire face au coronavirus

Alors que la polémique enflait autour du maintien ou pas du premier tour des élections municipale, le gouvernement a publié un décret (1) relatif aux organismes susceptibles d'accueillir des militaires en affectation temporaire. Il faut dire que nos militaires, via les services d'analyse de la Défense nationale, ont l'habitude d'élaborer des scénarios catastrophes afin de trouver les parades. En 2014, l'armée (avec l'IRIS (2)) a étudié les solutions à apporter en cas de pandémie.

C'est dans le cadre d'une étude sur les "conséquences des risques sanitaires induits par le dérèglement climatique" que l'armée s'est préparée au scénario d'une pandémie.

On l'ignore souvent mais l'armée est équipée et possède un encadrement formé pour faire face à des situations sanitaires d'urgence. On comprend alors l'intérêt d'utiliser ses énormes moyens pour aider nos hôpitaux qui en ont bien besoin. Le décret autorise donc l'affectation temporaire de militaires dans des organismes civils.
[Lire la réaction du ministère des armées à nos affirmations]

Parmi ces organismes, au sein desquels un militaire peut être affecté en position d'activité, on relève naturellement les établissements de santé publics ou privés mais aussi les associations, les mutuelles, les groupements de coopération sanitaire, les entreprises, etc. Comme on le voit, le panel d'"hébergements" est très large.

Voici le récit de ce scénario catastrophe imaginé en 2014 par les militaires et l'Iris pour combattre une pandémie (page 69 du rapport de l'Iris). Vous ne manquerez pas de relever que dans cette "fiction" se glissent des observations qui font passer notre grande muette pour une petite bavarde : "L'année a été difficile, notamment marquée par une grève de plus de 45 jours de tous les fonctionnaires des services publics de santé, épuisés par les coupes budgétaires opérées sans discontinuer depuis dix ans." Nous vous laissons savourer la suite.

Au coeur de l'été 2026, la France savoure quelques semaines de répit. L'année a été difficile, notamment marquée par une grève de plus de 45 jours de tous les fonctionnaires des services publics de santé, épuisés par les coupes budgétaires opérées sans discontinuer depuis dix ans. Une grève populaire, alors que les indices de morbidité ne cessent de se dégrader.

Personne n'a remarqué que, comme en Grèce, en Italie et en Espagne, les services de surveillance des maladies vectorielles et tropicales se sont largement étiolés durant ces années. Le gouvernement n'a cependant rien cédé sur le fond, sauf à la marge, ce qui a permis au mouvement de s'arrêter avec la satisfaction d'avoir obtenu une contrepartie.

À la suite d'un printemps singulièrement pluvieux, une canicule s'est abattue sur le pays pendant le mois de juin. L'État, les collectivités locales et les populations ayant appris à s'adapter, ses conséquences n'ont pas été trop graves : on ne dénombre qu'environ 300 décès dus à une chaleur intense, un chiffre dans la moyenne des quatre canicules de la décennie passée.

En juillet, il a plu abondamment, mais sans excès, et enfin, au début du mois d'août, la météo retrouve une tonalité estivale plus classique. Cependant, dans le nord de l'Italie, a éclaté une épidémie de dengue : par dizaines, et bientôt par centaines, des Lombards meurent de fièvre hémorragique. Les services hospitaliers, eux aussi affaiblis par des années de crise, sont débordés, les médicaments manquent, le gouvernement est démuni et rapidement renversé à l'Assemblée.

Mais à peine les médias français répandent-ils les nouvelles transalpines que la panique se propage à Nice, à Toulon, à Marseille, tout au long de la Côte d'Azur. Des cohortes de moustiques envahissent la région : les victimes sont encore peu nombreuses, mais les routes sont encombrées de touristes qui fuient en masse le littoral. Les services publics, en latence durant l'été, tardent à prendre la mesure du phénomène et ne réagissent pas immédiatement.

Les chiffres de l'infection commencent à être connus : plus de 500.000 personnes touchées, selon le professeur de l'Institut Pasteur, Jean-Marc Marnac, descendu en urgence, et de sa propre initiative, à Marseille. Le 12 août, il tient une conférence de presse avec des collègues médecins, pour dénoncer l'impéritie des autorités et annoncer que plus de mille personnes sont déjà décédées.

Le lendemain, alors que le gouvernement tient une réunion d'urgence, c'est au tour de collègues lyonnais de déclarer devant les caméras de télévision que l'épidémie a gagné Lyon, où ils recensent déjà 224 décès dus à la dengue. Le soir même, la Première ministre, Charlotte Bonfait, intervient solennellement à l'hôpital du Val de Grâce, à Paris.

Elle annonce une série de mesures :
> mobilisation de tous les fonctionnaires des hôpitaux qui doivent revenir de vacances ;
> réorganisation de la Protection civile sous la houlette du préfet du Nord, Pascal Hansin, en remplacement de Pierre Pitoef, qui est destitué ;
> mobilisation de tous les services de gendarmerie pour réguler les flux de populations et d'automobiles qui ont transformé, depuis trois jours, le couloir rhodanien en un embouteillage géant où ambulances et autres véhicules prioritaires peinent à se frayer un passage.

La Première ministre annonce aussi le recours à l'armée :
> les engins militaires seront requis pour déblayer les routes ou déplacer les véhicules immobilisés ;
> les militaires passeront dans les habitations distribuer des lettres d'information et des kits de protection ;
> ils répandront des pesticides dans les zones repérées par les spécialistes sous la coordination du Professeur Jean-Marc Marnac.

Dès le soir, le chef d'état-major, le général Justin de La Rafort, annonce la mise en oeuvre de ces mesures, non sans faire remarquer devant les micros tendus que l'armée déploie en même temps une importante mission en Arctique.

La lecture complète de ce rapport pourra vous occuper pendant le long confinement total qui s'annonce. Vous en ferez sans doute quelque cauchemars, car tous les scénarios sont étudiés, et certains n'ont rien à envier aux meilleurs films d'horreur.

En savoir plus
(1) Décret n° 2020-251 du 13 mars 2020 relatif aux organismes susceptibles d'accueillir des militaires en affectation temporaire

(2) Le site de Iris France

==> Nous avons publié cet article le lundi 16 mars à 11h du matin. A midi, le ministère des armées nous a fait parvenir la clarification ci-dessous :

[Réponse de la rédaction à 14h30 le 16 mars]
Pour notre part, nous maintenons nos informations qui ont été confirmées par un haut gradé de l'armée de terre. Ce qui est surprenant, c'est l'impression que donne le ministère avec cette mise au point. En quoi, utiliser les services et compétences de notre armée (comme l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne le font) serait négatif ? Pourquoi laisser penser que cela n'est pas envisagé alors que de toute évidence, cela l'est ? Nos hôpitaux n'ont-ils pas besoin d'aide ? Nos militaires ne sont-ils pas capables d'apporter cette aide ?

Nous pensons même qu'il serait absolument inconscient de la part du gouvernement de ne pas utiliser l'expérience de nos militaires, de ne pas installer des hôpitaux de campagne dans les déserts médicaux, de ne pas mettre en place un véritable plan Orsec qui consiste à :
> alerter et informer des populations,
> ravitailler, soutenir des populations sinistrées,
> mettre en place des procédures communes du mode de gestion des décès massifs.

Il serait temps de mettre fin à l'amateurisme.


[Rectificatif à 20h30 le 16 mars]
La déclaration du président de ce jour, lundi 16 mars, valide la véracité de notre article. L'armée va bien intervenir pour aider nos soignants à faire face à cette catastrophe. Et c'est une très bonne nouvelle. Le démenti de la ministre des armées n'en est que plus incompréhensible.

Cette affaire nous amène à nous demander comment fonctionne ce gouvernement. Lorsque le ministre de l'éducation nationale affirme le jeudi 12 mars à midi que les écoles ne seront pas fermées et que le président annonce le soir même la fermeture des écoles, nous sommes en droit de nous poser des questions quant au sérieux de ces gens qui vont accompagner le pays à traverser une crise sanitaire très grave.

Le président, dans son allocution du 16 mars n'a pas prononcé le mot confinement une seule fois. Il a préféré jouer le père fouettard (avec amendes) plutôt que de nous traiter en adultes, ce que nous sommes, et de nous dire simplement la vérité : les morts seront nombreux. Sans doute ne l'a-t-il pas fait pour éviter que les Français ne se rendent compte de l'impréparation dans laquelle se trouve notre pays qui manque de masques, de gels, de protections, etc.

Rendre responsables les Français de la situation permet de n'avoir pas à assumer ses propres erreurs :

20/01 Buzyn : "Le risque d'importation du virus depuis Wuhan est quasi nul. Le risque de propagation du coronavirus dans la population est très faible."

7/03 Macron incite les français à aller au théâtre.

11/03 NDiaye critique le confinement italien.

12/03 Veran et Blanquer incitent à envoyer les enfants à l'école.

15/03 Le premier ministre maintient le premier tour des élections, alors que tout le monde savait que le second n'aurait pas lieu.

16/03 Sauve qui peut, c'est la guerre.

17/03 Buzyn annonce dans le journal Le Monde : "Quand j'ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n'auraient pas lieu. On aurait dû tout arrêter, c'était une mascarade." Elle prédit des milliers de morts dans l'Hexagone. Lire l'article du Monde sur le HuffingtonPost

Cette façon de diriger notre pays est politiquement inadmissible et humainement impardonnable. Il faudra, à la fin de cette crise sanitaire, que ces gens répondent de leurs actes devant la justice. Ce qu'ils ont fait est bien plus grave que l'affaire du sang contaminé.
Un article qui explique bien l'impréparation qui a conduit à ce désastre annoncé.

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Sélection du texte ci-dessous
L'armée est appelée en renfort pour faire face au coronavirus 
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