A peine nommé président de la banque publique d'investissement, Jean-Pierre Jouyet a tenu a se faire remarquer et très vite recadrer... Le secteur associatif, les syndicats, les confédérations, les fédérations professionnelles, bref tout ce que l'on nomme société civile se retrouve fort dépourvu en cet automne socialiste. La création de la banque publique d'investissement devait être un grand moment de concertation nationale, cela n'aura été que manoeuvres de coulisses entre un ministre de l'Economie et des Finances et Matthieu Pigasse, directeur général de la banque d'affaires Lazard France (qui avait reçu mandat pour conseiller le gouvernement sur la BPI). Dans une "lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la République", le collectif "Pour un Pôle public financier au service des Droits !" a tenté de poser les bases de ce que pourrait être cette BPI. En voici quelques extraits. (1) Au moment où notre pays entre en stagnation et doit faire face à une rigueur que beaucoup qualifient d'historique, où le chômage atteint un niveau jamais connu depuis la fin des années 90, ce projet de BPI aurait dû être l'occasion de rassembler largement l'ensemble des parties prenantes y compris les organisations syndicales, les fédérations professionnelles, bref les acteurs de la société civile. Au lieu de cela, la presse a rendu compte d'échanges quasi exclusifs entre Bercy, la Banque Lazard, les directions des différents établissements concernés et l'Association des Régions de France (sans jamais évoquer les autres associations d'élus locaux alors que dans sa déclaration de politique générale le Premier ministre a pris l'engagement suivant devant la représentation nationale : "Des activités génératrices pour la croissance bénéficieront du soutien de la future Banque publique d'investissement qui sera mise en place avant la fin de l'année et qui travaillera en liaison étroite avec les territoires et particulièrement les régions". Particulièrement ne signifie pas exclusivement). Pourtant, notre Collectif qui inclut notamment des représentants des personnels concernés par ce projet de BPI et qui compte également des associations citoyennes et de lutte contre l'exclusion, mobilisées en faveur de la nécessaire réappropriation de la finance au service de l'intérêt général, s'est vu opposer, par le ministre de l'Economie et des Finances, plusieurs fins de non-recevoir à nos demandes successives d'entrevue pour débattre de ce projet de loi ainsi que de la future réforme de l'épargne réglementée annoncée publiquement par Monsieur Moscovici comme "sans aucun tabou". Il nous semble également nécessaire de tirer le bilan de la séquence qui a modifié le statut "à but non lucratif" des Caisses d'Épargne, enterré ses missions générales, banalisé la distribution du livret A avec la captation par les banques de 35% de l'épargne réglementée (soit environ 115 milliards d'euros, montant que l'on peut rapprocher de celui qui serait alloué à la BPI : 40 milliards d'euros selon les informations publiées dans la presse. Avec cette précision apportée par le journal Le Monde dans un article en date du 10 octobre 2012 : "Il faut noter que, sur ce total de bilan, la grande majorité des capitaux est déjà investie. Il resterait environ 3,5 milliards d'euros disponibles dans le FSI.") et cela sans qu'aucune contrepartie d'intérêt général ne soit exigée du secteur bancaire et sans que cela corresponde à aucune injonction préalable de la Commission européenne. Au terme de cette séquence, il y a lieu d'analyser le désastre financier de Natixis et la constitution du groupe BPCE dont un certain nombre de leçons sont à tirer. Ce que nous pensons, c'est que, pour avoir une réelle portée, le projet de banque publique d'investissement doit désormais faire l'objet d'un véritable débat national sous l'égide du Parlement et se libérer du contrôle étroit - et pas toujours désintéressé - de ce petit monde issu du même cercle qui régente l'ensemble des questions industrielles et financières de notre pays. Nous estimons indispensables que cette banque "publique" d'investissement, propriété de la République, fasse l'objet d'un véritable contrôle social et citoyen permettant, notamment, aux représentants des exclus, des précaires, des chômeurs et des salariés ainsi qu'aux usagers de la BPI et à leurs représentants de peser sur les choix qui seront réalisés par cette banque (participation aux orientations et aux choix stratégiques). Nous appelons le Parlement à ne pas passer directement à l'examen du projet de loi qui va être présenté, aujourd'hui (le 17 octobre NLDR), en conseil des ministres, et à engager le dialogue qui n'a pas été réalisé avec l'ensemble des parties prenantes (organisations syndicales, fédérations professionnelles et Confédérations, acteurs de la société civile et de la lutte contre les exclusions, associations d'élus locaux, ONG investies dans la conversion écologique de l'économie - qui constitue l'enjeu central des investissements d'avenir avec le soutien à l'innovation, représentants des milieux économiques et des directions concernées ...). En savoir plus (1) Lire l'intégralité de la lettre ouverte Quelques questions à se poser et à poser... On peut se demander si sur le plan Européen, la BPI n'est pas une provocation pure et simple ? Le capitalisme d'Etat, est-il possible dans un univers encore marqué par le libéralisme anglo-saxon ? Que dira la Commission de Bruxelles ? Combien d'Etats attaqueront-ils une décision visant à donner à l'industrie en France une dimension nationale ? Dimension nationale n'est-elle pas synonyme de dimension nationaliste ? N'iront-ils pas penser que l'esprit français, porté à la nationalisation, est là, prêt à fondre sur l'investisseur étranger imprudemment aventuré dans les marigots de l'économie française ? Nos espoirs... Nous espérons que le "staff" de cette toute nouvelle entité ne va pas se payer royalement d'abord en s'entourant d'une kyrielle de serviteurs tels que conseillers, secrétaires et autres indispensables... Nous espérons que le nombre de véhicules de fonction sera réduit, que les frais de bouche seront limités, que les voyages d'études serviront à étudier et qu'un contrôle strict sera mis en place pour éviter que quelques copains du "CAC40" ne créent des petites structures visants à pomper le peu d'argent disponible...
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La Banque publique d'investissement n'est pas faite pour aider les canards boîteux A peine nommé président de la banque publique d'investissement, Jean-Pierre Jouyet a tenu a se faire remarquer et très vite recadrer... Le secteur associatif, les syndicats, les confédérations, les fédérations ... <a href="https://www.loi1901.com/intranet/a_news/index_news.php?Id=1920" target="_blank">Lire la suite sur Loi1901.com</a>
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