L'étrange obstination à vouloir vendre nos bijoux de famille

18-03-2019 SOCIETE LIBRE
Le grand débat vient à peine de se terminer. Notre pays a donc débattu. On pouvait, naïvement, imaginer qu'une trêve législative aurait lieu pendant ce temps d'échanges, puisque le chef de l'Etat est supposé faire une synthèse des remontées et de prendre en compte les plus majoritaires. Mais il n'en a rien été. La privatisation d'ADP, de FDJ et d'Engie a été votée avec la loi PACTE qui encapsule cette liquidation des biens les plus précieux des Français.

Le Grand Débat n'aura été, pour le président, qu'une occasion de reprendre la main sur la contestation sociale. Il n'a jamais eu l'intention de tenir compte des contributions des Français. Occasion ratée.

La loi PACTE est un fourre-tout. Cela va de la création d'une entreprise "en quelques clics" via une plateforme internet à la suppression du stage obligatoire de préparation à la création d'une entreprise artisanale en passant par l'allègement et la simplification des obligations liés aux seuils d'effectifs dans les entreprises PME, la présence des administrateurs salariés dans les conseils d'administration des entreprises et étendre cette présence aux mutuelles, unions, fédérations, etc.

On y trouve encore le relèvement des seuils de certification légale des comptes, la création d'un fonds pour l'innovation de rupture (??) doté de 10 milliards d'euros, la création de procédures pour faciliter, aux chercheurs travaillant dans le secteur public, un parcours leur permettant de créer ou participer à la vie d'une entreprise, la simplification des règles encadrant l'épargne retraite, etc. Et au beau milieu de ces choux et de ces carottes, on trouve les cessions de participations publiques.

Comme des millions de Français, des centaines de responsables économiques, des dizaines de personnalités politiques de premier plan, nous nous posons la même question : pourquoi ces privatisations ? Il faut écouter la réponse que le ministre de l'économie a faite aux journaliste pour tenter de comprendre : "Nous considérons que le rôle de l'Etat n'est pas de toucher des dividendes, de se comporter comme rentier. Le rôle de l'Etat est de prévoir l'avenir de nos enfants en finançant les innovations de rupture et les investissements dans les nouvelles technologies dont nous aurons besoin demain."

Aujourd'hui, l'Etat possède 50,6% des actions d'ADP. Sa privatisation pourrait rapporter 8 à 9 milliards d'euros selon les estimations. Si l'on y rajoute le produit de la vente de la Française des Jeux et celui d'un certain nombre de participations de l'Etat au sein d'ENGIE, la somme devrait avoisiner les 15 milliards d'euros. Une partie de cet argent doit permettre de réduire de quelques milliards la dette française (un verre d'eau dans l'océan). L'autre partie de l'argent doit permettre de constituer un fonds de 10 milliards d'euros qui sera placé sur les marchés financiers (croisons les doigts qu'une crise financière ne vienne pas réduire le "pactole" à néant).

Ce fonds à risques (avec un rendement de 2,5 %) doit, selon le gouvernement, rapporter 250 à 300 millions d'euros par an. Une somme destinée à financer des projets innovants. ADP a rapporté en dividendes à l'Etat 190 millions d'euros en 2018. Si on additionne à cela les dividendes des deux autres entreprises (FDJ et Engi), on dépasse de loin les 300 millions d'euros. Au jeu du qui perd perd, la France est donnée favorite. De fait, on se rend compte que l'opération financière est totalement illogique. Plus idiot encore, on apprend que l'Etat prévoit d'indemniser les actionnaires minoritaires pour "préjudice" à hauteur de 1 milliard d'euros au minimum.

Bref, nous voici devant une situation qu'un enfant de douze ans trouverait stupide. Si en plus, on prend 5 minutes pour expliquer à cet enfant la joie des contribuables face à la privatisation des autoroutes et de l'aéroport de Toulouse, il penserait comme le petit Prince que "les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c'est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications."

Des privatisations qui posent vraiment beaucoup de questions et apportent bien peu de réponses satisfaisantes, sauf à tomber dans un complotisme dont les réseaux sociaux se font déjà l'écho.



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