Marlène Schiappa est secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire. Poste qu'elle occupe de façon assez discrète pour ne pas dire plus (1). On sent bien que les associations ne sont pas sa tasse de thé. Sauf peut-être pour avantager certains de ses amis avec une distribution de subventions qui pose aujourd'hui problème. Mme Schiappa ne sert aucune cause sinon la sienne. On imagine donc que sa présence dans le Playboy du 8 avril prochain ne la desservira pas. Mais pourquoi se gênerait-elle puisque le chef de l'Etat, lui-même, a jugé utile de donner une interview au journal Pif Gadget, plus connu pour ses pois sauteurs que pour la politique de sa ligne éditoriale. Un mélange des genres qui n'a visiblement qu'un seul objectif : saturé l'espace médiatique pour faire oublier que la France est aujourd'hui en proie à l'une des plus graves crises sociale et démocratique de ces 50 dernières années. Etrange façon de gouverner. L'art de salir la fonction et "en même temps" d'exiger des grévistes un total respect des institutions qui ont été tellement piétinées qu'un 49.3 n'y retrouverait pas ses petits. Le magazine PlayBoy nous apprend que la secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire a répondu, en 12 pages, à une interview portant essentiellement sur la liberté des femmes mais aussi le féminisme, la politique et la littérature. Les associations attendront. Il est vrai qu'il n'y a aucune urgence, aucune bronca, rien qui ne justifie que notre secrétaire d'État daigne, même semblant, s'occuper de son ministère. Avant nous avions Marianne comme symbole de la République. Aujourd'hui nous avons le Fonds Marianne qui est en train de devenir l'un des symboles (il y en a beaucoup d'autres) d'une corruption qui tend à se généraliser. Ce fonds a été créé en réaction à l'assassinat de Samuel Paty. Marlène Schiappa, alors ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, annonçait fièrement la mise à disposition de deux millions d'euros pour promouvoir les valeurs républicaines. Comment ces fonds ont-ils été utilisés ? Et comment ont-ils été contrôlés ? (2) Malgré l'obstruction du préfet Christian Gravel, en charge du dossier auprès du Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR), qui refusait de communiquer la liste des lauréats, leur nom, ainsi que la ventilation des subventions accordées, des journalistes ont fini par se procurer cette liste. Ainsi, 17 dossiers ont été retenus pour un montant global de 2 017 600 euros. Si certaines structures n'obtiennent que quelques milliers d'euros, d'autres se voient attribuer plusieurs centaines de milliers d'euros. Enfin, 4 associations se partagent près d'1,3 million d'euros, soit près de la moitié du fonds Marianne. L'une d'entre elles a attiré l'attention des journalistes : l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation au service militaire (USEPPM) nichée en plein coeur du Ier arrondissement de Paris. C'est une très vieille association créée à la fin du XIXe siècle mais dont l'objet social semble très éloigné de l'appel d'offres. C'est pourtant elle qui décroche le pompon avec 355 000 euros de subvention. L'association s'engage, selon la convention de mise à disposition, "à déployer un contenu multimédia, un message positif de réenchantement des valeurs de la république et un autre en déconstruction des attaques violentes subies par la République". Pour remplir son cahier des charges, l'association s'appuie sur Mohamed Sifaoui, administrateur de l'association et expert reconnu des questions de radicalisation. La mission a duré, en tout et pour tout, 6 mois avec un bien maigre bilan : un compte Youtube avec 13 vidéos dont la majorité ne dépasse pas les 50 vues, et un compte Instagram avec seulement 138 abonnés. Pas de quoi faire trembler Daech. L'administrateur explique l'utilisation des fonds par la rémunération d'une dizaine de collaborateurs en CDD et en piges. Mais les journalistes, décidément vraiment trop fouineurs, découvrent que ce ne sont pas dix salariés qui ont été recrutés et rémunérés, mais seulement deux. En revanche, l'association a versé aux 2 administrateurs (Cyril Karunagaran et Mohamed Sifaoui) la coquette somme de 120 000 euros sous la forme de salaires. Rétributions pourtant contraires aux statuts de l'association, qui précisent que "les membres de l'Union ne peuvent recevoir aucune rétribution à raison des fonctions qui leur sont confiées". Cerise sur le gâteau, les autres membres du bureau ignoraient que de l'argent public avait été attribué ni rien de ses modalités d'utilisation. Un avocat a été saisi afin d'initier une procédure judiciaire à l'encontre des 2 administrateurs qui renâclent, on se demande bien pourquoi, à restituer les archives administratives, comptables, fiscales, de l'association. La mission de l'USEPPM s'est achevée le 28 février 2022. Les vérifications n'ont débuté qu'après la parution des premiers articles de presse, c'est à dire, il y a moins de deux mois. Les associations subventionnées apprécieront, à sa juste valeur, la mansuétude dont a fait preuve le Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR) à l'égard de l'USEPPM. J'imagine que cela n'a rien à voir avec le fait que le préfet Christian Gravel soit un intime de Mohamed Sifaoui. Le 29 mars 2023, le secrétariat d'Etat chargé de la Citoyenneté informait la presse, avoir saisi l'inspection générale de l'administration et le ministère de l'intérieur annonçait un signalement au Procureur, au titre de l'article 40 du code de procédure pénale. Tout ça alors que le Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR) vient à peine de commencer ses contrôles par manque des pièces comptables de l'USEPPM. Une accélération qui laisse songeur. L'anguille serait-elle trop grosse ou la roche trop petite ? Que l'on se rassure, aucune question sur l'utilisation des subventions attribuées par le Fonds Marianne, ne sera posée à Marlène Schiappa dans son interview à Play Boy. Elle n'est là que pour parler de féminisme, dont elle s'est arrogée l'étendard, au grand dam des associations qui font un véritable travail de terrain, loin, très loin des salmigondis d'une bien étrange Secrétaire d'Etat... En savoir plus (1) La nomination de Mme Schiappa est une provocation de plus et la confirmation que les associations (outils démocratiques par définition) dérangent ce gouvernement. Pourquoi ? Marlène Schiappa est nommée secrétaire d'Etat chargée de l'ESS et vie associative (2) Le 29 novembre 2022, une députée interrogeait le ministre de l'intérieur et des outre-mer sur l'attribution des financements du fonds Marianne. Aucune réponse n'a été apportée à ce jour par un ministère qui a tout de même lancé un signalement au Procureur au titre de l'article 40 du code de procédure pénale contre l'USEPPM. Question écrite publiée au JO le 29/11/2022 au ministre de l'intérieur et des outre-mer Prévention de la radicalisation : où est l'argent du fonds Marianne ? France2
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Quand l'ESS fait la Une de Playboy Marlène Schiappa est secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire. Poste qu'elle occupe de façon assez discrète pour ne pas dire plus (1). On sent bien que les associations ne sont pas sa tasse de thé. <a href="https://www.loi1901.com/breves_associatives.php?moteur1=2203" target="_blank">Lire la suite sur Loi1901.com</a>
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