Selon la dernière enquête (1), les médias sont l'institution envers laquelle le public international a le plus de défiance. Et c'est bien dommage, car la démocratie ne peut vivre sans ce contre-pouvoir indispensable à l'équilibre. Dommage et surtout dangereux pour l'avenir. Ainsi, dans 22 pays sur 28, la population n'a plus confiance dans ses médias, dont la France bien sûr. Ce qui est curieux, c'est la conclusion de cette enquête : "Effet boule de neige, ce manque de confiance dans les moyens d'information fait aussi chuter la confiance envers les autres institutions, les dirigeants politiques et le monde des affaires principalement". Le paradoxe de cette "affirmation", c'est que la défiance envers la presse est plutôt la résultante du traitement que cette dernière fait des institutions politiques, avec les scandales afférents, ainsi que celui du monde des affaires, qui détient le plus souvent le capital des moyens d'informations. Cette conclusion cherche-t-elle à exonérer les hommes politiques et les dirigeants d'entreprises des raisons de cette défiance ? C'est jeter le thermomètre pour ne pas voir la fièvre. Des hommes d'affaires qui achètent des médias, alors même que l'équilibre financier de ces derniers est presque impossible à obtenir, n'est pas sans poser question. Ces philanthropes sont-ils purement désintéressés ? Voyons voir : Bernard Arnault, PDG du groupe de luxe LVMH (possède Les Echos et le Parisien), Serge Dassault (Le Figaro), François Pinault (Le Point), Patrick Drahi, principal actionnaire de SFR (Libération, L'Express, BFM-TV, RMC), Vincent Bolloré (Canal+, C8, CStar, CNews). Un petit groupe auquel il faut rajouter Xavier Niel, patron de Free, qui associé avec le banquier Matthieu Pigasse, est devenu propriétaire du groupe Le Monde (L'Obs, Télérama, La Vie, etc.), ainsi que Martin Bouygues propriétaire du groupe TF1, Arnaud Lagardère (Europe 1, Paris Match, JDD, Virgin radio, RFM, Télé 7 jours, etc.), la famille Bettencourt (L'opinion) et last but not least, le milliardaire d'origine libanaise Iskander Safa, propriétaire de Valeurs actuelles. On pourrait bien sûr rajouter encore quelques noms, mais épargnons à nos lecteurs, cette liste fastidieuse qu'il pourra retrouver dans sa totalité sur le site du Monde Diplomatique. Qui peut décemment croire que la concentration de tous ces médias dans quelques mains n'est pas sans conséquence sur la vie démocratique de notre pays ? Et ce d'autant plus que l'on retrouve toujours ces hommes puissants dans les cercles très proches du pouvoir politique en place. Pour son premier mariage, les deux témoins de Nicolas Sarkozy étaient Bernard Arnault et Martin Bouygues et c'est sur le yacht de Vincent Bolloré, qu'il a choisi de se reposer après son élection en 2007. L'affinité entre M. Macron et Patrick Drahi n'est plus un secret, ce qui n'a sans doute rien à voir avec la façon dont BFM-TV traite le président. On peut toujours imaginer que tous ces hommes travaillent pour l'intérêt général et qu'il est normal qu'ils soient proches du pouvoir au regard de leur poids économique. Mais, quel que soit l'impact réel de ces connivences, qui peut empêcher les dégâts du soupçon ? Comment ne pas croire le fait que ces riches patrons se trouvent en conflit d'intérêts et que leur accointance avec le pouvoir n'est pas sans conséquences pour la vie économique et sociale de notre pays ? C'est bien la concentration des médias en quelques mains et la proximité de ces mêmes mains avec le pouvoir politique qui entraîne une défiance envers la presse. Et le dernier épisode en date ne va pas rehausser la confiance, surtout qu'il émane d'une télévision publique, qui est censée appartenir à tout le monde. France 3, dans son journal 19/20 du samedi 15 décembre 2018 a diffusé une photo retouchée. Elle montrait un groupe de "Gilets Jaunes" sur les marches de l'Opéra de Paris. Des manifestants situés sur les plus hautes marches de l'Opéra montraient un grand panneau sur lequel on pouvait distinctement lire : "Macron dégage". Lors de sa diffusion sur l'antenne de France 3, la banderole avait perdu au passage le verbe "dégage", donnant ainsi l'impression qu'une foule de "Gilets Jaunes" montrait son soutien à Macron, puisque seul subsistait son nom sur le panneau. La direction de la communication de France Télévisions a affirmé qu'il s'agissait "ni d'une censure, ni d'une volonté de dissimuler une quelque information, mais d'une erreur et d'un manque de discernement de la part d'une personne qui concourt à la fabrication du journal télévisé". Sans commentaire. La défiance en la parole politique, trop souvent trahie, entraîne celle du monde des affaires pour son accointance avec le pouvoir en place. De facto, les médias qui sont pris entre le marteau qu'ils craignent et l'enclume qui les finance, ne peuvent que naviguer dans des eaux troubles, troublées et troublantes (2). En savoir plus (1) baromètre Kantar / La Croix 2018 (2) Bien sûr, le Canard enchaîné n'est pas visé. L'hebdomadaire satirique est la fierté de notre pays, l'une des dernières mouches du coche. Pour ou contre une instance de déontologie professionnelle des médias ?
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