Nous nous réjouissons des dernières prises de position du gouvernement en ce qui concerne la place des associations dans le maillage républicain du territoire. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Espérons simplement qu'il ne s'agit pas, pour des politiques aguerris du fait, de prolonger par des annonces sans lendemains l'effet Charlie. Ce serait une grave erreur. La circulaire que le ministre de la Ville (1) a diffusé aux préfets est explicite. Elle demande à ces derniers "en ce moment particulier pour la République", de resserrer le lien social en créant des espaces de dialogue avec les associations situées au plus près du terrain. Les préfets sont appelés à rencontrer sans délai "tous les acteurs associatifs pour agir et répondre à leurs attentes" (sic). Le but est de valoriser toutes les initiatives positives au sein des quartiers prioritaires puis de les pérenniser dans le volet "cohésion sociale" des contrats de ville. Un espace de dialogue est effectivement nécessaire. Mais sur quelle base ? En demander encore plus pour toujours moins de subventions, toujours plus de marchés publics et de gouvernance à la mode entreprise ? En dehors du discours convenu : "lutter contre les risques d'amalgame et de stigmatisation encourus par les habitants des quartiers prioritaires, combattre l'antisémitisme et l'obscurantisme, prévenir les phénomènes de radicalisation", nous ne retiendrons qu'une seule phrase : "comprendre pourquoi de telles dérives sont possibles dans notre pays". La question est bonne. Nous pourrions proposer plusieurs réponses. Mais nous nous contenterons d'une seule. Depuis toujours, la jeunesse a besoin de s'investir dans des causes politiques ou humanitaires. Commençons par la guerre d'Espagne, qui en 1936, a vu débarquer à Barcelone, les célèbres "Brigades internationales" qui venaient soutenir la lutte des Républicains contre les rebelles nationalistes. Poursuivons par le Réseau du musée de l'Homme qui est un des premiers mouvements de la Résistance française à l'occupation allemande, lors de la Seconde Guerre mondiale. Le leader, Boris Vildé n'avait que 32 ans et il est mort fusillé par les allemands le 23 février 1942. Survolons les années, 1968 et ses révolutionnaires qui voulaient changer le monde, les années 70 et ses communautés et nous atterrissons dans les années 80 avec le fric à tous les étages. Ce sont ces années là qui ont perdu notre jeunesse. Fin des idéaux, des espoirs, règne de l'individualisme, mise en place d'une Europe qui n'a pas grand chose à voir avec les rêves des Pères fondateurs, l'Euro comme communion, il y a mieux. Le coeur du problème est là. En quoi la jeunesse, génération après génération, peut-elle croire ? Une profession choisie ? Ce n'est une évidence que pour les enfants de nos élites. Changer le monde ? D'un bout à l'autre de l'échiquier ne règne qu'un sentiment d'impuissance face à des forces qui nous dépassent. Rajoutons un besoin de confort, de facilité, de renoncements et l'on peut facilement comprendre pourquoi de "telles dérives sont possibles dans notre pays". Alors quand des malins viennent proposer à des jeunes désorientés de s'investir dans des missions humanitaires en Syrie ou ailleurs, le terreau est prêt, l'ensemencement facile, il ne reste plus qu'à l'arroser de bonnes paroles. Demander aux associations de quadriller le terrain afin de tisser du lien social avec une jeunesse dont les repères sont aux antipodes n'est pas une bonne idée. Ce qu'il faut à nos jeunes (et moins jeunes), c'est du travail. Seul le travail est facteur d'intégration. Tout le reste n'est que vue de l'esprit. Avec un travail rémunéré à sa juste valeur, un jeune peut prendre un appartement et commencer sa vie d'adulte. Sans cela, il traîne en bas des tours à la merci du premier "conteur" venu. Proposer comme mode d'insertion dans la vie professionnelle, un service civique obligatoire n'est pas une mauvaise idée. Mais elle arrive trop tard. La suppression du service militaire en 1996 (pour de pures raisons comptables) et son non remplacement par un service civil est l'origine du mal. Le pli est pris et nos jeunes n'en sont plus là. Ils ne rêvent pas de servir la soupe populaire dans un service civique obligatoire et gratuit car ils savent que le panier est percé, que rien n'arrêtera jamais la queue des indigents de s'étirer à l'horizon et qu'à leur tour, un jour, ils risquent de se retrouver dans la même file. Enfin, rappeler les valeurs républicaines est une idée creuse, car ces dernières sont bafouées tous les jours par des politiques toujours plus inégalitaires, toujours plus injustes. Liberté, égalité, fraternité... A qui pouvons nous encore faire croire cela ? Il nous faut admettre une bonne fois pour toute que c'est le monde tel qu'il est qui a enfanté les assassins de Charlie Hebdo. Pour aider notre jeunesse, il faut changer le monde. Vaste programme... En savoir plus (1) Mobilisation des associations pour la citoyenneté - Format PDF Vers un un service civique élargi plus court et non rémunéré ? Lettrasso du 06-01-2015 Le service civique coûte trop cher ? Lettrasso du 25-11-2014 De la posture à l'imposture, le mentir-vrai de la politique - Lettrasso du 04-11-2014 C'est le prénom qui fait la mention au Bac ? Lettrasso du 28-12-2014
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